AVANT-PROPOS

Au commencement était le jeu ! Jeu d’échecs, jeux d’écriture ? Les « ponts » entre les deux sont assez nombreux aujourd’hui pour peu que l’on se penche sur des ressources presque infinies. On ne vient pas aux échecs par hasard, il en est de même de l’écriture… Vous avez des idées, des récits, des textes qui traitent de l’échiquier de la vie ? Soumettez-les et nous nous ferons un plaisir de les publier en laboratoire…

jeudi 29 mai 2014

"PETITE POULE"...


Une petite poule occupe mon appartement en ce moment. Je l’ai ramenée de la campagne et elle s’est trouvé un petit coin dans une des pièces qui ne me sert pas vraiment ou alors de débarras. Cette petite poule est rustique et je l’aime bien, même si elle me fait parfois des scènes d’une violence inouïe. C’est qu’elle a son caractère aussi !
Elle est nerveuse bien qu’elle ne soit pas d’un naturel très agité : c’est une poule intellectuelle et elle passe la majeure partie de son temps à jouer aux échecs. Elle est d’ailleurs classée et d’un niveau tout à fait respectable. Disons tout simplement qu’elle se défend bien pour une poule de la campagne.
J’ai déjà joué de nombreuses parties avec elle et à chaque fois j’ai perdu. Non pas parce qu’elle est beaucoup plus forte que moi (j’ai également un niveau respectable aux échecs si vous voulez tout savoir) mais elle a une façon de vous regarder lorsque c’est à votre tour de jouer. Cela me déstabilise au plus haut point et me pousse de fait à commettre des erreurs monumentales.
Elle tourne la tête d’un côté ou de l’autre (elle ne vous regarde jamais avec les deux yeux à la fois) et vous dévisage presque. Pourtant, je n’arrive jamais à savoir si elle s’amuse ou si elle s’ennuie en ma compagnie. Peut être n’aime-t-elle pas mon style, qui sait ? C’est une poule intellectuelle, une joueuse d’échecs à plein temps : elle préférerait sans doute se mettre autre chose sous la dent !
Je lui ai déjà présenté quelques-uns de mes amis, des passionnés du jeu d’échecs comme moi ayant des niveaux et des styles très différents. Elle n’a jamais voulu disputer une partie avec eux. Quand quelqu’un est dans la maison, joueur d’échecs ou pas, elle se contente de battre des ailes en caquetant à qui mieux mieux. A de rares moments, je dois avouer que c’est un spectacle effrayant.
Ma poule a un petit faible pour les blancs mais je suis obligé de reconnaître qu’elle est aussi à l’aise avec les noirs. Ses coups sont précis, fluides et reflètent une grande maturité. À l’issue de nos parties, je suis littéralement soufflé par une telle maîtrise du jeu.
Le matin, lorsque je me lève, je la trouve toujours sur le tapis en train d’étudier les parties d’échecs des joueurs illustres. Je retrouve parfois des pièces ici et là sous les meubles car elle aime se détendre en les poursuivant sur le sol à l’aide de son bec. Par exemple, elle adore faire de petites entailles sur le bois sculpté mais c’est une manie qui est en train de lui passer, fort heureusement. Aux échecs, ma petite poule déteste la pendule : je mets cela sur le compte du tic-tac qui doit passablement l’énerver. J’ai déjà observé par ailleurs qu’elle avait l’ouïe délicate.
Quand elle ne joue pas aux échecs, elle monte sur son meuble préféré (une vieille commode en pitchpin achetée dans une brocante) et elle s’endort paisiblement en rêvant probablement à des ouvertures d’un autre genre. Une dernière chose : je ne l’ai jamais vue faire un œuf. By Armando Aprile (Milano).

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